Tendance, le jardin ? Loin de l’image ringarde du potager de Mamie, le jardinage fait dorénavant dans la hype. Cette aura de modernité – inédite depuis l’arrivée de la covid – m’a poussée à lire le document Garden Media intitulé « Garden Trends Report 2022 » (tendance jardin 2022), écrit dans la langue de Shakespeare, mais concentré sur le territoire de Biden.
C’est peu de dire qu’il ouvre de nombreuses perspectives, toutes plus alléchantes les unes que les autres. Car post-pandémie (oui, j’y crois), nous nous trouvons à la croisée des chemins : d’un côté, les jardineries et le marché du jardin ont le vent en poupe, mais de l’autre, nous vivons dans un monde de plus en plus citadin, pressé, et diablement compliqué.
Alors, comment réconcilier envie de nature et timing serré, le tout sans passer pour une hippie ou une fanatique de la permaculture ? C’est la raison pour laquelle ces fameux rapports de tendances me passionnent. Commençons par le carnet 2021 avant de nous attaquer à la tendance jardin 2022 !
Tendance jardin n°1 : l’ère de l’improvisation
On commence ? J’ai nommé dans la catégorie « grande tendance » du jardin… L’agilité (ou le sens de l’improvisation exacerbé) ! Et oui, il ne vous aura pas échappé que nous naviguons souvent à vue ces derniers mois, et les points de vente jardin n’ont pas échappé à la règle. D’ailleurs, Promesse de fleurs en fait son fer de lance pour son catalogue printemps-été 2022.
L’animation sur le point de vente continue, en mode outdoor, mais aussi les évènements ponctuels et virtuels. On peut donc imaginer :
- des cours de pilates, jardinage pédagogique pour les enfants… en vrai !
- un cours de cuisine lié à l’achat de condimentaires ( en virtuel sous forme de QR code sur l’étiquette ou le pot)
Les services se mettent aussi au collaboratif connecté, avec des mises en relation avec des particuliers pour livrer les courses ou faire du menu jardinage, ou encore le boom de l’appli Too Good To Go qui revalorise les invendus chez les fleuristes.
Mais le principal enseignement est aussi le plus enthousiasmant : innover !
Tendance jardin n°2 : la cité-jardin
L’idée est de revenir à un éden d’autosuffisance, une ville où chaque jardin potager fournirait suffisamment pour une famille ou tout au moins compléter le nécessaire. A l’heure où le coronavirus assigne à résidence les populations, le jardin se fait aussi petit monde : on y vit plus, et il se doit de refléter les envies d’ailleurs.
Autre corollaire de la covid : la grande migration des citadins vers des contrées où le vert est plus présent. Horizon lointain pour certains Parisiens, la maison avec jardin est devenu une promesse réalisable avec le déferlement du télétravail.
Il en résulte deux tendances majeures :
- le retour au travail physique passe par une phase de séduction massive des entreprises : biophilie des espaces de travail, choix de transports plus doux, ville plus verte… Bureaux et villes se doivent de charmer le salarié tenté par le télétravail.
- Comme je l’ai évoqué dans mon article « une échappée confinée », on adore son jardinet, sa cour, sa terrasse, son balcon… mais aussi les potagers connectés et les plantes d’intérieur à foison chez soi. La folie Urban Jungle a encore de beaux jours devant elle !
La cité-jardin aboutit à une extension du végétal dans toutes les strates de la vie, de l’espace public aux intérieurs de chacun.
Tendance jardin n°3 : des nouveaux fans de jardin
Un engouement jardinier sur les réseaux sociaux
Quel raz-de-marée ! Les plus de 20 ans dépoussièrent le jardinage de mémé et se lancent sans peur dans le potager nouvelle génération. A coups de posts Instagram (coucou la boutique Brume), de vidéos TikTok décomplexées ou des éternels tableaux Pinterest, on jardine autant qu’on scrolle, c’est dire !
Une volonté de détournement au jardin
Revers de la médaille, le jeune n’est pas un adepte des règles rigides. Détournements, nouvelles perspectives et enjeux écologiques sont son lot quotidien : pas question de posséder un jardin sans se poser des questions sur l’empreinte environnementale qu’il occupe. Cela se traduit donc ainsi :
- un jardin sans pelouse ou presque, au profit d’îlots accueillant la faune
- des jardins potagers ou tout au moins nourriciers
- des espaces de repos isolés pour se reconnecter avec la nature
- des massifs d’apprentissage au jardinage pour les enfants
Tendance jardin n°4 : retour sur investissement jardinier
Parlons peu, parlons plantes. Avec ces nouveaux ruraux fans de solutions alternatives et souvent parents, que proposer à la vente ? C’est simple : du petit et du pratique !
Petit, parce que ce qui est petit pousse vite, n’est pas forcément plus cher et peut facilement être recommencé. Les plants miniatures sont idéals pour les enfants, mais aussi pour les petits jardins urbains et les cours. Et dans l’assiette, des courges Jack Be Little farcies ont beaucoup d’allure !
Les studios et petits bureaux apprécieront aussi les mini-terrariums, les variétés naines d’orchidées et les boutures de monstera : plus d’excuses pour ne pas végétaliser.
Et puis, avouons-le, tout ce qui est petit est joli…
Tendance jardin n°5 : co-créer avec la nature
Du côté des paysagistes, le constat est plus global : comment penser la ville pour lui donner un souffle de nature qui ne fasse ni artificiel (merci le gazon de placage et les arbres taillés au cordeau), ni abandonné ?
Choisir la nature en ville n’a que des bons côtés : une allée arborée ou un toit végétalisé régule la température, un parc urbain atténue le stress et l’anxiété, propose un lieu de sociabilisation (et pas seulement pour les enfants) et parfois de culture dans un quartier.
Sauf qu’une réalisation à la va-vite risque de faire rapidement un flop : en témoigne la fin de l’expérimentation du permis de végétaliser de Paris, ces bacs à fleurs publics bien vite envahis par les mégots et les mauvaises herbes, faute d’accompagnement.
Le jardin public urbain se doit donc de s’ancrer encore plus dans la faune et la flore locales, de la préserver au maximum, d’impliquer les habitants… Cela passe aussi par un éclairage urbain plus tamisé et respectueux des insectes, et encore et toujours de trouver des moyens d’amener la nature partout, même dans des endroits où les sols sont dégradés.
Qu’en est-il de la tendance jardin 2022 ?
Pour 2022, le local, encore et toujours
C’est l’occasion d’explorer un nouvel âge d’or du jardinage. Là encore, Garden Media prédit un retour encore plus prégnant vers le local, et l’envie de tourner le dos aux grosses machines que sont les GAFAM.
Étonnamment, sur cet aspect, l’épidémie a été une chance pour nombre de petits commerces. Tous ont été sommés de prendre le virage du numérique, et les clients s’y sont aussi faits de gré ou de force. En témoigne l’explosion des réunions Zoom…
Le jardin et ses différentes zones
A l’intérieur, le jardin a été réinvesti et aménagé comme un logement à part entière. Il a donc été découpé en plusieurs zones d’intérêt :
- le jardin de devant, comportant des végétaux faciles à vivre, des grimpantes… et dans le cas de certaines villes comme Lille des petits espaces végétalisés devant les maisons.
- les zones de jeux pour les enfants : oui, le trampoline est plus que jamais tendance !
- la zone de télétravail : ombragée, intime et protégée des éléments, sa plus fidèle alliée demeure la pergola bioclimatique et la haie.
- la zone fun et sociabilité : amusez-vous avec des jeux d’échecs géants, reposez-vous dans des poufs tout mous et plantez de belles exotiques pour vous sentir au Club Med.
Séduire les nouveaux jardiniers
Vous vous souvenez des Millenials venus au jardinage dans le courant des confinements ? Loin de se décourager, ils sont encore plus motivés pour jardiner. Il faut leur proposer en revanche ce qu’ils aiment :
- du bio / local
- facile à vivre (les dernières annuelles sont hypertendance)
- du design
- et ressources pour apprendre en s’amusant !
Des néophytes aux botanistes
Et ceux qui n’aiment pas le jardinage ? Et bien, ils n’ont en revanche rien contre les fleurs. Acheter un bouquet, designer une composition de fleurs séchées n’a plus rien d’une exception. Prenez des cours d’art floral, ou lancez-vous (finalement) dans un jardin bouquetier.
A l’autre bout du spectre, on assiste à une recrudescence de botanistes distingués (ou de fous de pl/antes, au choix), qui consacrent leurs loisirs à une espèce en particulier. L’objectif est effectivement de collectionner, mais aussi de protéger cette nature encore et toujours menacée.
Nature, quand tu nous tiens
Le vert dans la cuisine, tout pour adopter la folie du vert sauge en déco, adoptez le vert émeraude au salon…. Ce ne sont quelques-uns des derniers articles glanés dans les magazines de décoration de ces derniers mois. Le vert a le vent en poupe, mais aussi tous les imprimés floraux.
Les éditeurs de papiers-peints l’ont bien compris : le motif à fleurs est de nouveau hype sur les murs. Il donne l’illusion de ne pas quitter le jardin et de vivre un vrai dedans-dehors.
Good luck!