Intelligence artificielle et rédacteur : la fin du métier ?

personne utilisant l'intelligence artificielle pour la rédaction

Certes, j’arrive sûrement un peu après la bataille : ChatGPT a entrepris son attaque en règle des bases de la rédaction avec un succès bluffant. Fleurissent dorénavant des billets de blog ou sur LinkedIn sur les prompts GPT les plus performants, ceux qui optimisent le plus … Et le rédacteur dans tout cela, que devient-il ?

Open AI et projets

Pour info, je parle de ChatGPT mais j’aurais bien pu parler de n’importe quel outil conversationnel doté d’une intelligence artificielle. Il s’avère juste que j’ai travaillé sur celui-là en priorité.
Lorsqu’il a débarqué, j’ai commencé à jouer sur cette nouvelle interface. Je l’ai lancé sur différents projets :
• Une description de produit pour mes clients éditeurs de papiers-peints
• Un article pas-à-pas sur le bouturage de bégonia pour un blog jardin
• Un plan d’article pour présenter un label horticole

 

La créativité de ChatGPT

Sur la description de papier-peints, j’ai eu beau tâtonner avec la conversation pour affiner au maximum le résultat, le texte produit restait désespérément plat. Il faut dire que la description pure et simple ne convient guère pour mes textes de book.

Le client doit se projeter dans l’intérieur paré du papier-peint abordé, même si certains motifs sont vraiment très neutres et peu inspirants.
Bref, ChatGPT ne me donne pas vraiment le coup de main espéré, sauf peut-être pour corriger mes phrases, les raccourcir éventuellement (comme celle-ci d’ailleurs …)

 

Le pas-à-pas jardinier

Là, le résultat est juste bluffant : une liste bien détaillée, pas d’erreurs apparentes, une prose simple et efficace. On sent que la base documentaire est bien fournie. Je pense que c’est vraiment dans ce créneau que le rédacteur va subir un manque à gagner évident. C’est dommage, c’est un peu un fonds de commerce pour moi !
Parallèlement, j’ai lu un article de Garden Myths sur la véracité des articles jardin rédigés par l’intelligence artificielle.
Nous verrons plus loin comment contourner ce problème pour en faire un atout.

a garden filled with lots of yellow flowers

Le plan d’article

Les plans n’ont jamais constitué un gros souci pour moi : généralement ils sont déjà sous-entendus dans le brief du client ou découlent tout seuls de la conversation que nous avons au préalable.

Mais pour certains sujets plus épineux, j’avoue qu’une aide sur le plan peut être d’un grand secours. Ici, l’IA me suggérait une partie vrai/faux sur les labels que j’ai trouvée très pertinente.
J’ai continué à utiliser ChatGPT comme il est préconisé pour affiner sa connaissance de mon écriture et de mes thèmes de prédilection. Jusqu’à ce qu’un voyage en train avec mon frère ne bouleverse ma fragile confiance professionnelle.

 

Une béquille casse-gueule : utiliser l’IA à tout va

Le trajet Lille-Calais étant un peu longuet, mon frère décida de me montrer à quoi il utilisait ChatGPT à ses heures perdues. Sachant qu’il n’est pas rédacteur, son usage est celui d’un internaute lambda.

Voici quelques exemples :
• Trouver les attractions incontournables de Calais
• Les restaurants les plus sympas
• Les titres de livres proches de ceux qu’appréciait ma fille pour lui offrir à son anniversaire
• Et enfin, une recette utilisant les courgettes oubliées dans mon frigo

white and black card on brown wooden table
Bon, pour les restaurants, certains étaient fermés depuis, mais pour le reste, chacune des requêtes donnait des résultats cohérents, informatifs… bref, parfaits. J’avoue que cela m’a un peu atterrée, cette facilité. Si on trouve aussi vite les infos, le bonheur de la sérendipité est vraiment enterré. Mais peut-être suis-je la seule à éprouver ce petit frisson de l’info inédite.
Plus sérieusement, cela m’interroge également sur les devoirs de ma fille de 12 ans, à l’aube des dissertations rédigées en quelques minutes par OpenAI, et forcée de se taper une copie double sans avoir forcément l’inspiration. Jusqu’à quand ?

Et moi, en tant que rédactrice SEO qui essaie de produire du contenu percutant afin que chacun passe sur les sites auxquels je contribue, comment vendre ?

Le professionnalisme… avec un zeste de passion

Après quelques nuits blanches, j’ai tenté d’élaborer un plan de bataille : oui pour utiliser l’IA, mais pas question de se faire remplacer. Cela va donc commencer en mode vintage : je me suis entourée de livres de jardin. Pas seulement les indispensables Truffaut, mais aussi les si délicieux tomes de Jean Paul Collaert, un guide Clause qui passait par là, des guides pointus sur la taille…
C’est le moment de devenir un peu plus pro que pro. Et surtout de découvrir d’autres manières de penser. L’idée étant aussi de trier le bon grain de l’ivraie, certains bouquins des années 80-90 recommandant de traiter à mort le jardin et puis c’est tout. Ainsi, le fameux Garden Myths dont je parlais un peu plus haut, spécialiste de la déconstruction des lois toutes faites du jardinage, me sera d’un précieux secours. J’ai ainsi lu dernièrement un très revigorant article sur les plantations hors Saint Catherine.
La seconde étape consistera aussi à se doter de bouquins en anglais, puisque la poste lilloise n’est pas décidée à me livrer mes english garden en temps et en heure. On va passer à la langue de Shakespeare pour bosser.
Et enfin, je me suis peaufinée un profil feedly « Gardening » pour voir si l’herbe est verte ailleurs (et choper de nouvelles idées, avouons-le). Bref, l’idée est de redonner un souffle d’inspiration à mes textes et surtout de sortir de la dépendance à des sites internet vus et revus.

La seconde étape ? Elle est plus subtile, mais tout aussi essentielle. Elle consiste à apporter du style à mes écrits. Pas forcément une patte reconnaissable, mais une rédaction un peu décalée qui donne envie de lire un peu plus bas que la ligne de flottaison. Je pense qu’ainsi l’humain pourra (un peu) vaincre la machine.

 


Il n’en demeure pas moins que la lutte sera féroce… A moins de justement ne pas combattre. Utiliser l’IA pour faire des articles simples, mais les reprendre ensuite pour leur ajouter le piment nécessaire pour le rendre savoureux. Et surtout bien les vérifier ! C’est à ce prix que le métier de rédacteur deviendra un garde-fou.

 

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